Laurence Prat

 
 

On Halloween, friends and guests gathered at Passy for a meeting of the Scorpio’s Club and a performance by Eugénie Kuffler, half sacred and half profane, as we reformed Natalie Barney’s famous circle of friendship around two tombs: that of Renée Vivien, and of course that of the Barney sisters.

Laurence documented the event with images that were bold and arresting, showing off May Livory’s bright costume and Eugénie’s haunting choreography. Capturing those fleeting gestures, the October photos above have a dramatic, timestopping effect, even as the performance turned us into time travelers, closing the yawning gaps of time that are always part of what we experience at graveyards.

A few days later, we met over tea to talk about the memorial project. We wondered how to create a more “transtemps” experience so that viewers can share our own sense of being time travelers at Passy. What has emerged from that chilly afternoon is an explosion of color, warmth and light cast onto the Barney tomb as the nights grow colder and the days grow shorter. The more abstract November photographs below bring plants and berries to life and turn them into illuminators and gesture-makers. Some of the images blur past and present. Others open up new, esoteric channels of communication. It’s really exciting to think of venturing deeper into abstraction and composite imagery in the coming months with the approach of the winter solstice in December. As we close out our first year at the Tombe Barney, Laurence is already reimagining the site’s future possibilities.

 

Le 7 juin, je sors du métro Trocadéro à Paris et les rues sont à nouveau bruyantes de passants et de voitures, une agitation doucement ensoleillée dont on avait perdu l’habitude.

Je longe le haut mur du cimetière de Passy pour rejoindre Natalie Clifford Barney car nous avons rendez-vous.

Je passe sous le haut porche minéral et entre dans la paix soudaine du cimetière où Renée Vivien répond aimablement à mon salut bien que nous ne nous connaissons pas, puis j’avance lentement sur une ruelle pavée. Je décide de prendre une petite allée de traverse, de me perdre un peu pour redécouvrir la tombe de Natalie Clifford Barney et la regarder d’un œil vierge. Comme si nous nous rencontrions pour la première fois.

Je découvre la nouvelle installation fleurie dans les camaïeux de verts et d’épis de blé.

Comme pour la première séance, nous nous sourions sans rien dire, sa sœur, Laura aussi est là. Natalie finit de se préparer pour sa nouvelle séance de photo à travers le temps.

Deux heures plus tard, je reste un moment assise sur le bord de la tombe sous le soleil.

Laurence has given us a portfolio that paints a real life portrait of life in another time.

Thank you Laurence, looking forward to seeing more from you later in the year.

 

Portrait trans-temps numéro 2

Notre amie, Suzanne S. avait prévu, en cette fin du mois d’août, un rendez-vous avec la sœur de Natalie Clifford-Barney, Laura. J’avais pris peu à peu l’habitude de nos échanges et de nos séances de portrait avec Natalie. Sa sœur, secrète, s’éclipsait rapidement pour nous laisser travailler. Mais cette fois-ci c’est Laura que je devais portraiturer.

Je savais que l’été 2021 avait été pluvieux à Paris et que toutes les plantes de la capitale seraient luxuriantes. C’est bien cet univers verdoyant et généreux que j’ai retrouvé en arrivant ce samedi au cimetière de Passy.

C’est Natalie qui m’accueillit avec son énergie chaleureuse et tourbillonnante, elle semblait voler dans l’espace, femme sensible et intelligente elle sait qu’une séance de portrait est un moment d’extrême délicatesse, un cheminement pour s’approcher au plus prés de l’intime, se faire accepter pour y récolter le nectar d’une personnalité afin de le déposer sur l’image à voir. Je suis passeuse d’âme. J’ai sentis les yeux de Laura se poser sur les miens, des yeux qui ont plongés en moi, m’autorisant à ouvrir sa porte intérieure et à donner ce que je serai capable de voir en elle. Instant de bascule dans le « no time ». Natalie a saisi l’instant et s’est éclipsée avec son amie Romaine Brooks.

Seules, ensemble, nous posons nos affaires, tasse de thé et trépieds photo, composons un univers, une bulle isolée du monde, pour quelques instants et commençons notre partie de jeux de miroirs. Touchées.

Laurence Prat
30 août 2021